On avait laissé notre publicitaire sur une année qui s’annonçait comme le prologue d’un temps nouveau et cette saison tombe à pique. Bienvenu en 1962, une année entre deux : 1961 l’année de l‘élection de Kennedy et 1963, la saison 3, assassinat programmé de ce même président à Dallas.
Ce qu’il faut bien comprendre avec Mad Men c’est que la série mélange histoire collective et fondatrice avec le vécu de personnage individuel, un véritable cours magistrale d’histoire du XXe siècle ou un récit sur l’Amérique des années 1960. En tout cas se qui est sur c’est que Mad Men ne serait rien sans son génie, Don Draper, le patron, qui dans cette seconde saison se fait descendre.
NOUVELLE GÉNÉRATION
Mad Men, c’est Don, personnage charismatique, mais cette saison 2 c’est avant tout le démontage en règle du personnage idéalisé en saison 1 : on le savait infidèle, on le savait géniale mais aussi secret et peu honnête, avec un lourd passé. 1962 sera pour lui une année grise, Betty (sa femme) découvre son adultère, l’héroïne hitchcockienne se désenchante dans un monde sans suspense où elle cherche désespérément à avoir une histoire, le point d’orge se situant lorsque cette beauté voit sa robe gâché par un vomis d’enfant, parfaite déconstruction de l’idéal par le détail.
Don quand à lui se purge comme il le peut à Los Angeles, en compagnie d’une bande de Jet Setteur version 1960’s, qui ose lui poser des questions que personne n’aurait jamais osé, là encore le héros essaye d’affronter les vagues, lui ne croyant pas en l’histoire alors qu’elle existe.
Peggy et Pette de leur coté, continu leur bout de chemin ensemble. Elle, montera en grade, obtenant son propre bureau, signe de changement mais ne désirant pas élever son propre enfant quel n’a pas souhaité … quant à lui, son père décède dans le crash de l’avion American Airlines et il continue ses ambitions.
Roger Sterling (impérial John Slattery) plaque l’amour de sa vie pour une jeunette, Mlle Holoway se fait violer par son fiancé dans le bureau de Don, ce dernier n’hésite pas à faire de même pour garder l’exclusivité de son contrat et Betty au fin fond d’un bar à Manhattan succombe à l’adultère, vous l’aurez compris cette saison 2 c’est le signe du vent qui tourne.
Et quelle signe, 1962 c’est l’année où l’on sortait avec une fille noir pour avoir bonne conscience et passé pour le plus progressiste de tous mais où l’homosexualité reste chose inconcevable ; l’année des photocopieurs Xerox, la machine mythique de la vie de bureau nommé à ses débuts « le tank » ; l’année où Duck Philips plaque son ancienne vie, abandonnant son chien fidèle, dans une scène cruelle et enfin c’est aussi quand Bert Cooper accroche une toile de Rothko dans son bureau.
REDISTRIBUTION DES CARTES
1962 c’est aussi un entre deux comme déjà dit plus haut et c’est en cela que tout est brillant dans cette livraison, la série finit sa saison 1 pour mieux annoncer sa troisième.
Mais le plus talentueux est encore de joindre l’histoire à ce grand concert. Au risque de se répéter, 1962 c’est également la crise des missiles de Cuba quand le monde à retenu son souffle craignant l’apocalypse, les concerts de Dylan à Carnegie Hall, c’est aussi Kroutchev et Kennedy deux dirigeants qui iront loin dans leur dissensions, c’est également l’année de la fusion de Sterlling-Cooper avec une autre compagnie et comme le dit si bien Roger : « se sera la même chose mais avec des poignées en diamants ».
Enfin c’est aussi la nouvelle génération, celle qui ne demande qu’à découvrir, les jeunes en colle roulé et en pull over, s’imposant à coté de ceux en costume, la génération Eisenhower qui rencontre la génération Kennedy.
Véritable réussite, Matthew Weiner arrive parfaitement à faire coïncider cela, l’apogée étant la crise des missiles de Cuba et la mort tragique de Marylin Monroe, véritable séisme qui aura fait vibrer le monde.
Dans ce magnifique décor nos personnages sont en proie aux changements, mais ils ne s’y opposent pas, il l’accepte comme si les temps devait évoluer de façon inéluctable la fin d’un vert paradis pour un autre, bien loin de s’imaginer à quel point leur créateur est en train de rendre l’âme à leur monde.
Vous l’aurez compris, cette saison 2, c’est la saison du changement, de l’annonce des progrès à venir, mais aussi des malheurs qui s’annonce, l’aube d’une nouvelle époque magnifiquement personnifié en la personne du prêtre qui dans sa chambre prend une guitare et se met à composer un tube « Come on ! Let’s Twist Again / Like we did last summer … » Bref un cours magistral, un suspense avant les chocs de la saison 3, l’histoire de 1963 est certes déjà connus, tant mieux, le génie n’en sera que plus grand.
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